Mahagi: rebondissement d’un vieux conflit foncier dans un pâturage collectif en chefferie des Angh’al,les décideurs interpellés pour éviter le pire

Un conflit foncier a rebondi entre les éleveurs des villages Jupadrogo et les agriculteurs de Pamukwenda autour du pâturage collectif de Jaju,en chefferie des Angh’al,dans le territoire de Mahagi (Ituri).

Le week-end dernier, des coups de balles ont été entendus sur terrain. Les forces de l’ordre tentaient de calmer les deux camps antagonistes.

GENÈSE DU CONFLIT.

Le pâturage Jaju, situé dans le village Jupadrogo a vu le jour vers les années 1957. Ce sont les vieux sages de l’époque qui lui ont conféré le statut d’un terrain d’exploitation commune. Le récent conflit a vu le jour à partir de 2010 pendant le règne de l’actuel chef de la chefferie, Sa majesté Serge Jalaure II Upidh Kic. Des sources dans la région indiquent que ce conflit est né suite au champ de coton labouré dans le bassin du ruisseau Uregi par un agriculteur de la place,qui a érigé une clôture fragile ne pouvant pas empêcher les bêtes d’y entrer, ceci malgré l’interdiction des sages de la place. Uronya Loya, c’est de lui qu’il s’agit,a décidé d’arrêter 24 vaches et des chèvres retrouvés dans son champ et les ramener à son domicile. Ces bêtes seront plus tard repérées par leurs propriétaires qui vont ensuite constater que les unes sont mortes et les autres blessées.

Dès lors,le conflit prend une nature, opposant tantôt les éleveurs aux agriculteurs, tantôt les éleveurs à Monsieur Uronya Loya,etc.Ensuite,il quitte la chefferie pour d’autres instances notamment au niveau de l’association des bouchers de l’ituri,au niveau du territoire et du tribunal de paix de Mahagi,au parquet près le tribunal de grande instance,au tribunal de grande instance enfin au cabinet du gouverneur de la province de l’ituri en 2016. Ce qui avait poussé l’ancien gouverneur de province, Abdallah Pene Mbaka à dépêcher une équipe sur place pour une mission d’enquête du 28 septembre au 02 octobre 2016.

TENTATIVE DE RÉSOLUTION

Un protocole d’accord mettant fin à ce conflit a été signé le 12 décembre 2014 par les représentants de ces deux villages concernés. Dans ce document consulté par lavoixdelituri.com,les deux parties s’étaient mises d’accord que le ruisseau Uregi constitue désormais une limite naturelle entre l’espace arable et le pâturage ; elles ont également accepté qu’une zone neutre de 50 mètres sera observée vers la partie champêtre.

En dépit de l’accord précité, le dossier a resurgit et la situation est redevenue de plus en plus alarmante en cette période précise de l’état de siège.

Dans une correspondance adressée à l’administrateur militaire de Mahagi dont une copie a été réservée à lavoixdelituri.com,un groupe de plus de 100 éleveurs de Jupadrogo accuse les agriculteurs de Jupakwenda d’avoir spolié ce pâturage en y faisant des champs sans être inquiétés, sous la bénédiction de l’actuel chef de la chefferie des Angh’al. Ils accusent Sa majesté Serge Jalaure II Upidh Kic d’avoir modifié le croquis de la carte dudit pâturage. Selon eux,ces agriculteurs se distinguent par des actes de vandalisme,saisissent illégalement leur cheptel et agressent moyennant les armes blanches, les agents de l’État dépêchés sur terrain.

En février dernier, l’actuel administrateur militaire du territoire de Mahagi,a fermement instruit, dans une correspondance, le chef de la chefferie des Angh’al,de respecter strictement les résolutions issues du protocole d’accord signé entre ces éleveurs et les agriculteurs,et la restitution des bêtes saisies. Le colonel Disanoa Lalua Jacques a aussi confirmé que le pâturage Jaju est un domaine privé de l’État congolais et que les champs illégalement implantés le long des limites du cours d’eau Uregi en violation de 50 mètres convenus dans le protocole d’accord doivent être dégagés.

 » Le conflit foncier entre les éleveurs et les agriculteurs au pâturage Jaju en chefferie des Angh’al est donc terminé,je n’y reviendrai plus « , peut-on lire dans sa lettre.

Parmi les suggestions préconisées,ces éleveurs demandent l’arrestation des principaux acteurs de ce conflit,la remise des bornes enlevées ainsi que le déguerpissement immédiat des occupants illégaux de ce pâturage.

Nos efforts pour avoir la réaction du chef de la chefferie des Angh’al, n’ont pas encore abouti. Les autorités tant territoriales que provinciales sont ainsi interpellées à mettre définitivement fin à ce vieux conflit pour éviter le pire. Quitte à maintenir la force de la loi et non la loi de la force.

La rédaction

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